RESPIRER : un pouvoir extraordinaire

RESPIRER, un livre passionnant de James Nestor

Dans cet ouvrage l’auteur ne se contente pas juste de décrire des techniques et leurs bienfaits comme dans la plupart des ouvrages sur le sujet, mais il s’y livre à une enquête scientifique très complète. Enquête qui combine les résultats de recherches anthropologiques, de multiples expériences scientifiques et ceux de sa propre expérience puisqu’il n’hésite pas à réaliser de nombreuses expérimentations, parfois très poussées, sur sa propre personne.

 

A la manière d’un vrai détective, il nous entraîne dans sa recherche sur le pouvoir du souffle et ses découvertes sont surprenantes. Beaucoup donnent une caution scientifique à ce que les pratiquants de yoga peuvent expérimenter de manière empirique mais que nous ne savons pas toujours expliquer théoriquement. 

 

Cet ouvrage nous permet plus de discernement sur l’outil principal des yogis : la respiration. Une manière scientifique et très originale de redécouvrir et de créditer les anciennes pratiques du pranayama telles que décrites dans les YOGA SUTRA de Patanjali et dans les ouvrages classiques du Hatha yoga.

Pourquoi mener une telle enquête sur la respiration ?

Alors que James Nestor souffre de problèmes respiratoires depuis des années, il va, sur le conseil de son médecin, prendre un cours de yoga axé sur la respiration et découvre ce que l’on appelle « pranayama » en yoga (exercices de contrôle du souffle). Pendant son premier cours, il expérimente notamment une respiration nasale où l’on allonge les inspirations et les expirations. Bluffé par les effets de cette expérience de respiration nasale ralentie (calme, bonne nuit de sommeil, corps détendu), il se lance dans une enquête scientifique sur le pouvoir de la respiration. 

Quels sont les constats de cette enquête de James Nestor ?

Nos voies respiratoires s'atrophient avec notre évolution

Notre capacité à respirer s’est détériorée durant notre évolution et cela a pour conséquence que 90% de la population respire mal.. 

Les études analysées par l’auteur montrent que 40% de la population souffre d’obstruction nasale chronique dont la principale cause est le manque d’espace à l’avant du crâne humain. En effet, la bouche se développe en hauteur et non en largeur, le palais prend l’espace de la cavité nasale ce qui fait que le nez se bouche.

Les conséquences de cette cavité congestionnée, sont : les problèmes respiratoires chroniques, ronflements, asthme, allergies, respiration sifflante et prolifération des bactéries.

Nos ancêtres possédaient un visage structuré vers l’avant avec une mâchoire proéminente, une grande bouche et des sinus dégagés et par conséquent des voies respiratoires dégagées

Mais quand l’homme a commencé à frapper sa nourriture crue avec des pierres pour l’attendrir, elle eut besoin de moins de temps de digestion et de mastication. Cette économie d’énergie a eu pour conséquence le développement de son cerveau. Puis quand l’homme évolua de nouveau et commença à cuire ses aliments, il y eu encore un gain d’énergie qui développa à nouveau la taille du cerveau. 

Or, pour se développer le cerveau a besoin de place ! et « il la trouve à l’avant du crane, du côté de la bouche, des sinus et des voies respiratoires ». JAMES NESTOR

Ainsi, cette évolution transforme les narines épatées de nos ancêtres pour laisser place à un nez étroit et vertical moins efficace pour filtrer l’air.

« Plus nous cuisinons, plus nous consommons d’aliments mous, transformés et riches en calories, plus notre cerveau grossit et plus nos voies respiratoires s’atrophient »

camilo-ospina

Nestor compare les êtres humains aux bouledogues et autres chiens brachycéphales à la face écrasée et aux sinus atrophiés, et si pour les chiens la raison de cette dégradation des voies respiratoires est une conséquence de la triste sélection par les éleveurs au fil des siècles pour des raisons esthétiques, en ce qui concerne l’espèce humaine, cette atrophie est le résultat de son évolution et notamment de sa manière de se nourrir.

 

 

L’auteur met ensuite en lumière le fait que cette évolution nous contraint, à cause d’un nez congestionné en permanence, à respirer par la bouche, ce qui complique encore les choses …

 

De fait, respirer par la bouche comporte de nombreux désagréments sur la santé qui sont scientifiquement prouvés, notamment : augmentation des ronflements, taux d’oxygénation réduit, dysfonctionnement cardiaque, migraine, problème de mémoire, tension perturbée, cerveau moins performant, etc.

 

Alors comment faire pour mieux respirer et préserver sa santé ?

Respirer par le nez, plus lentement, moins souvent

Tout d’abord respirer par le nez car il dispose de toute d’une organisation labyrinthique qui purifie l’air et prévient des maladies.

 

De plus, pour bien fonctionner, comme cela est si bien expliqué dans cet ouvrage « Notre corps n’a pas besoin d’une respiration plus rapide ou profonde, pas besoin de plus d’air mais de plus de CO2 », pour cela il faut non seulement respirer plus lentement mais aussi moins souvent. 

 

A ce titre, l’auteur rappelle que les yogis ne cherchent pas à respirer plus mais moins, en somme le yoga cherche à se familiariser avec la pénurie. C’est d’ailleurs l’objet du Sutra II.49 de Patanjali : “la maîtrise du souffle s’acquiert par l’arrêt de l’inspiration et de l’expiration

 

Selon les recherches mises en lumière dans cet ouvrage, augmenter le taux de CO2 aiderait notamment à calmer les crises d’asthmes, les crises de paniques et l’anxiété. Ici encore, le YOGA SUTRA de Patanjali est précurseur de ces découvertes sur la respiration puisqu’il est dit au sutra II.34 que le contrôle du souffle, par des allongements de l’expiration et par des rétentions du souffle a un effet apaisant sur le mental. 

Respirer comme une prière

Nestor fait un parallèle génial entre la respiration lente et les cycles respiratoires de nombreuses prières ou chant sacrés dans le monde. De fait, prenez le mantra OM, l’Ave Maria ou le SA TA NA MA du yoga Kundalini vous retrouverez à chaque fois environ 6 secondes de chant et 6 secondes d’inspiration pour des effets apaisants similaires sur les pratiquants.

 

En 2001, des chercheurs italiens de l’université de Pavie ont pris des mesures sur un groupe de 24 volontaires qui récitaient des mantras bouddhistes et des Ave maria, et ils purent constater selon les mots de Nestor que : « le sang affluait vers leur cerveau, et les trois systèmes mesurés (respiratoire, cardiaque, nerveux) entraient dans un état de cohérence et donc d’efficacité maximal »

 

En yoga, ce type de respiration est appelée SAMA VRITTI, il s’agit de faire des phases respiratoires égales. Plus tard, cette tradition yoguique a été reprise par des médecins américains et nommée « cohérence cardiaque »

 

Mais respirer par le nez et respirer lentement ne suffit pas à avoir une respiration optimale, il faut respirer MOINS d’air. Les techniques pour cela sont notamment les rétentions en yoga, appelée Antara kumbhaka : rétention poumons pleins et Bahya kumbhaka : rétention poumons vides. En somme en yoga, que l’on pratique les suspensions à vide ou a plein on apprend aussi à gérer la pénurie, gérer le manque d’air pour contrôler notre corps et faire l’expérience de nos capacités énergétiques.

Le pouvoir de la mastication

Mais voilà, la respiration ne fait pas tout ! Et si les problèmes respiratoires s’originent dans notre manière de nous alimenter (et ses conséquences sur la morphologie du visage) alors ils ne peuvent en être dissociés. 

 

Alors, comment pallier les conséquences de l’industrialisation de l’alimentation (aliments mous et transformés) ? Et bien, Nestor souligne qu’il faut mastiquer le plus souvent possible car mastiquer permet de préserver l’ouverture des voies respiratoires. 

 

De fait, les recherches montrent que les os du visage sont modifiables jusqu’à 70 ans et peut-être jusque plus tard. Privilégier les aliments crus et tout ce qui demande de la mastication. La gomme à macher serait d’ailleurs recommandée pour palier à ce déficit de mastication.

Pour conclure et pour aller plus loin dans la découverte du pouvoir extraordinaire de la respiration, je recommande vivement le livre de James Nestor à tout passionné de yoga ainsi qu’à tout thérapeute qui utilise la respiration comme outil.

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