Yogi Book Club Lyon - THOREAU YOGI DES BOIS

Quand les yogis du parc discutent du yogi des bois

Nous sommes retrouvées au Parc de la tête d’or à Lyon, à côté du parc au daims pour discuter de nos ressentis après la lecture de Thoreau yogi des bois. Et si cette concomitance « parc aux daims » et « yogi des bois » est l’heureux fruit du hasard ou de la vibration cosmique, nous sommes désolées d’avouer que nous sommes un peu mitigées sur cette lecture car on adore Colette POGGI et tout ce qu’on a pu lire ou entendre d’elle avant.

Un livre difficile à lire

En effet, nous nous sommes toutes accordées sur la difficulté de lire cet ouvrage. Sur le fait que nous lisions quelques lignes le soir, puis que nous devions le reposer pour laisser le contenu que nous venions de lire décanter en nous. Comme un livre de philosophie avec des concepts complexes que l’on ne peut intégrer immédiatement. Comme si on ne pouvait le lire d’une traite à la manière d’un roman ou d’un livre détente et comme si sa densité imposait de gouter, puis de digérer pour intégrer chaque page lentement. Presque un livre organique en somme. Sur 4 lectrices, seules 3 avaient pu terminer le livre.

L’importance d’avoir du temps pour lire ce livre

Dans le contexte de notre club de lecture, nous avions une date limite pour lire le livre et ne pouvions prendre le temps nécessaire à cette lecture “organique”, ce qui fut aussi à l’origine de notre difficulté à lire l’ouvrage. Nous aurions aimé lire quelques pages puis le reposer quelques jours ou quelques semaines pour y revenir, un peu à la manière de Thoreau ce yogi des bois qui vit au rythme de la nature. Nous pensions pouvoir le lire comme un roman mais il est plus à lire comme un manuel qu’on laisse sur son chevet et qu’on ouvre quand on en ressent le besoin.

 

Un livre qui n’est pas accessible à tout le monde

C’est que la lecture de cet ouvrage nécessite à notre avis un certain bagage culturel. Quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de la Bhagavad gîtâ, des lois de Manu, du tantrisme ou du shivaïsme du cachemire peut se sentir vite perdu et frustré comme ce fut le cas pour certaines d’entre nous. Ainsi, ce livre nécessite comme prérequis une certaine culture de la philosophie du yoga. Pour certaines, nous nous pensons d’ailleurs relire ce livre dans quelques temps, une fois ces bagages acquis. C’est un livre que nous pourrions recommander à un public de personnes en formation de professeurs de yoga par exemple, ou de philosophie mais pas à quelqu’un qui n’est pas familier avec la philosophie du yoga.

Photo de Abby Chung

Une thèse à défendre

Si les apports théoriques sur le tantrisme, le shivaïsme du cachemire sont passionants, le fil conducteur de l’ouvrage qui est l’analogie entre Thoreau et le yogi ou autrement dit : la thèse que Thoreau est un yogi, rend la lecture parfois redondante. On trouve beaucoup de parrallèles qui viennent étayer cette thèse tel que le « yoga des haricots » ou la « salutation au soleil du potager » mais ils sont parfois de trop. Non pas que nous doutions que Walden soit un yogi, car cela est parfaitement expliqué dans l’ouvrage, mais peut-être que les parallèles sont trop récurrents. En somme comme si nous étions déjà convaincus et que la démonstration n’est plus nécessaire.

Les frustrations qui en découlent

Cette notion de thèse à défendre et les aller et retours entre les nombreuses citations qui viennent légitimer cette thèse font parfois décrocher du livre. On a parfois envie que Walden parle à la première personne. Pour celles qui ont lu les ouvrages de Walden, l’entendre parler à la première personne est plus entrainant, car dans les journées qu’il décrit il y a toujours un peu de suspens. On attend un dénouement, on a hâte de lire de lire la suite, de savoir comment s’est terminée sa journée, ce qu’il a fait le lendemain.

Des illustrations superbes

Les illustrations sont tellement belles qu’on aurait aimé en contempler autant que dans la « Bhagavad Gîta ou l’art d’agir », un autre ouvrage de colette POGGI illustré par Emilie POGGI que nous avons adoré.

Un merveilleux manuel pour le yogi

A nos yeux, ce livre est un merveilleux manuel de ce que peut être un yogi épanoui et nous avons aimé la manière dont le livre est découpé en grandes thématiques : yoga de la simplicité, yoga de l’unité, yoga de la beauté.

 

Sa lecture nous a notamment permis de réaliser que nous étions plus proches, dans notre manière d’appréhender la vie et le yoga, de la vision non dualiste du shivaïsme du cachemire avec nos expériences d’unité avec l’univers, de non-séparation, de « présence à soi-même dans la vie pratique » que de la vision classique du yoga. A ce titre écoutons Colette POGGI, page 52 de notre édition :

« deux écoles divergent. Pour le yoga classique, l’ascèse est l’unique voie, mais pour le tântrika, dont Thoreau se rapproche, me semble-t-il, « ce qu’il faut choisir comme moyen suprême pour un culte véritable, c’est essentiellement tout ce qui épanouit la conscience, la comblant de félicité, si bien qu’une parfaite harmonie s’instaure en elle avec l’univers, jusqu’à imprégner pleinement la demeure resplendissante du brahman (la conscience) » (Tantrâloka).

« la simplicité est la voie la plus directe vers la profondeur » « vivre cette présence d’esprit, allégée du fardeau du moi, ici et maintenant, c’est cela le yoga de la connaissance qui contient en germe l’art de l’action, fait de liberté et de courage »

Un livre qui pousse à agir

Et si nous regrettons de pouvoir heurter l’auteur puisque nous soulignons la difficulté de lire son ouvrage, nous pensons qu’à la lecture de ces quelques lignes, elle nous pardonnera tant la question de « l’agir » est au cœur de ses ouvrages.

Thoreau yogi des bois nous a fortement interrogé du fait des parallèles politiques et sociaux entre notre époque et celle de Thoreau, notamment autour des questions de pollution, de destruction de la nature, d’inégalités et d’esclavage moderne. « Thoreau yogi des bois » nous a donner envie d’agir :

  • Envie de partir au vert

Pour certaines d’entre-nous l’ouvrage à déclencher le souhait de partir vitre à la campagne

  • Envie d’en savoir plus 

Pour toutes l’envie d’en savoir plus sur le tantrisme, le shivaïsme du cachemire, les lois de Manu et sur les écrits de Thoreau, notamment « la désobéissance civile »

  • Envie de plus de sobriété

Pour toutes l’envie de continuer notre chemin vers la sobriété ou de faire plus concernant nos manières de consommer.

  • Envie de s’engager en tant que yogi

Pour toutes une question sur l’engagement : Comment avoir un impact social via notre enseignement. Comment être plus engagé dans notre vie quotidienne.

Notre note : 3,2/5

Si nous reconnaissons l’extrême richesse de l’ouvrage et son potentiel de mise en mouvement, d’incitation à l’engagement nous avons trouvé sa lecture diffcile.

C’est le sens d’un « contrôle » qui serait premier historiquement

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